Le terme "poste à poste" est la traduction de l'anglais peer-to-peer, laquelle est souvent abrégée p2p. On peut aussi la traduire par "pair à pair", ou "égal à égal".
Le p2p désigne un modèle de réseau informatique, dont les éléments ne jouent pas exclusivement les rôles de client ou de serveur mais fonctionnent des deux façons, en étant à la fois clients et serveurs des autres éléments de ces réseaux.
Les réseaux p2p permettent donc la communication, le partage simple d'informations (des fichiers le plus souvent, mais également des flux multimédia continus (streaming), la téléphonie (comme Skype), etc. sur Internet.

Le p2p permet à chaque participant au réseau de proposer des ressources aux autres participants tout en accédant aux ressources disponibles dans le réseau. Le p2p a permis une décentralisation des réseaux, en permettant à tous de jouer le rôle de client et serveur. En particulier, les systèmes de partage de fichiers permettent d'avoir des objets d'autant plus disponibles qu'ils sont populaires. Cela permet alors de diminuer la charge imposée aux éléments partageant les fichiers populaires, ce qui facilite du coup l'augmentation du nombre d’éléments, donc de fichiers, dans le réseau.

L'utilisation d'un système p2p nécessite l'utilisation d'un logiciel particulier. Ce logiciel remplit alors à la fois les fonctions de client et de serveur : les communications et les échanges se font entre des participants qui ont la même responsabilité dans le réseau.
Les systèmes p2p ont depuis longtemps fait leur entrée dans Internet par la petite porte… Mais apparaissent aujourd’hui de manière remarquée ! En effet, de grosses compagnies de distribution multimédia les accusent de servir essentiellement à la distribution de fichiers multimédias sans respect des droits d'auteurs ou de copies. Depuis plusieurs années en effet, toute personne dotée d'une connexion suffisante peut télécharger des médias depuis Internet. Ces internautes utilisent généralement le contenu alors téléchargé pour leur usage personnel (on fait dans ce cas fréquemment référence à la notion de copie privée, dont la définition juridique est néanmoins assez restrictive), et d'autres téléchargent à des fins commerciales illégales. Les principales maisons de productions et les distributeurs ne s'étaient pas préparés à un accès si facile aux fichiers et aux contenus. Ils ont donc désormais du mal à faire valoir leurs droits, car le retard de réaction de leur part a fait du téléchargement une sorte d'habitude naturelle.

Mais que trouve-t-on sur ces réseaux ? Le principal média téléchargé est la musique, sous forme de fichiers mp3. La montée des débits des connexions internet permet aujourd'hui de télécharger des fichiers beaucoup plus gros et variés que les fichiers musicaux, tels des albums entiers ou même des discographies complètes pour un artiste donné, contenus dans des archives zip ou rar, et également des films, des jeux vidéo, des livres complets au format pdf ou encore des logiciels. C'est finalement l'avènement de ces nouveaux formats numériques qui modifie radicalement la donne par rapport à la situation précédente en terme de copie. Si la qualité d'une copie se dégradait en effet à chaque génération avec un magnétoscope ou une platine cassette audio, le média numérique conserve toutes ses qualités. De plus, alors qu'une copie physique prenait un certain temps (en général la durée de l'Å“uvre), la copie numérique est beaucoup plus rapide permettant ainsi une diffusion massive (et sans rémunération des ayants-droit). L'évolution technique des réseaux de téléchargement permet aujourd'hui d’avoir des milliards de fichiers musicaux ou vidéo disponibles sur Internet…

L’histoire du téléchargement de médias sur Internet a donc été rythmée par des évolutions techniques (amélioration du débit et des logiciels). Mais ce qui l’a réellement fait évoluer et muter, ce sont des facteurs commerciaux (baisse des prix, démocratisation du Web dans les foyers, équipement des ménages), juridiques, et sociologiques (changement des comportements des utilisateurs et utilisation consciente et massive). Les maisons de disques les plus importantes ont longtemps accusé les fournisseurs d’accès de pousser à l'utilisation de peer-to-peer à cause de leur course au débit et de publicités qui vantaient les possibilités de téléchargement de musique et vidéos avant même la création d’offres légales en la matière. Au fil du temps, ces majors ont œuvré, procès après procès pour condamner cette activité.

Les normes sécurisées à venir, censées empêcher le piratage (gestion numérique des droits, mpeg-4 évolué) parviendront-elles à endiguer l’essor du téléchargement ? J’en doute. Mise à part la question de la faisabilité d’une telle chose, l’intérêt des constructeurs est-il vraiment à la mort du téléchargement quand on sait qu’il génère des gains considérables en vente de matériel multimédia domestique et portatif ? Sur ce point il y a une réelle divergence d’intérêts entre les acteurs du marché (constructeurs, maisons de production et artistes), qui laisse de beaux jours à l’échange en p2p. D’autant que les actuelles lois sur le p2p et la copie privée ne font qu'accélérer une évolution technique naturelle des réseaux et clients p2p. C’est le jeu du chat et de la souris !
Une nouvelle génération est en effet née, dont l'année 2006 aura été charnière : le p2p chiffré et anonyme. Premièrement, les données transitant sur le réseau sont chiffrées. Il est impossible de connaître le nom, le contenu et la nature de ces données. Deuxièmement, les utilisateurs sont anonymes. Ce mot n'est évidemment pas juste, car personne ne peut être totalement anonyme quand son ordinateur est connecté à un réseau… Cependant, ce p2p nouvelle génération garantit un anonymat maximal bien que techniquement impossible à couvrir totalement. L'anonymat est d'abord garanti par la décentralisation du réseau. Il n'y aucune connexion sur un serveur. Dans la majorité des clients peer-to-peer, un système de cache et de routage des données est utilisé. Il est ainsi impossible de savoir qui possède un fichier en entier et qui l'a uploadé sur le réseau. Les fichiers sont divisés en fragments chiffrés qui sont diffusés dans le cache de nombreux utilisateurs, dont la plupart n'ont pas demandé ce fragment. Le cache est un lieu de transit de données, incontrôlable par l'utilisateur. Cela peut donc poser des problèmes éthiques et juridiques (comment inculper un utilisateur d'avoir uploadé un fragment de fichier sous copyright alors qu'il ne le savait même pas ?).

Je ne ferai pas ici l’apologie du téléchargement illégal, et je vous expliquerai dans un prochain billet la dernière loi votée en France (DADVSI), mais il me semble qu’il y a matière à réflexion concernant le pour et le contre du p2p, non ?!?

Quelques logiciels de p2p, parmi les plus connus et utilisés :
Azureus
Shareaza
Morpheus
Kazaa
eMule
AllPeers

Au plaisir de vous lire.